Chaque matin, des millions de personnes reproduisent le même rituel : verser une tasse de café fumante et savourer la première gorgée. Mais ce geste familier cache un secret que la science vient de confirmer : le pouvoir du café sur notre bonne humeur n’est pas constant. Il existe un moment précis où son effet est à son maximum.
Une étude grandeur nature, dans la vraie vie
Oubliez les laboratoires aseptisés. Pour cette recherche, publiée dans Scientific Reports, 236 jeunes adultes (18–29 ans) ont été suivis dans leur quotidien réel.
Pendant deux à quatre semaines, leur smartphone les a régulièrement invités à répondre à de brèves questions :
- Avez-vous consommé une boisson caféinée dans les 90 dernières minutes ?
- Comment vous sentez-vous ? (joie, enthousiasme, fatigue…)
- Avec qui êtes-vous ?
- Quelle est la qualité de votre sommeil ?
Résultat : plus de 23 000 mesures d’humeur ont été collectées et analysées, offrant une image fine de l’effet du café à différents moments de la journée.
Le « sweet spot » du café : moins de 2 h 30 après le réveil
Les données sont claires : c’est dans les deux heures et demie qui suivent le réveil que le café agit le plus sur l’humeur positive.
Les participants rapportaient se sentir plus enthousiastes, plus heureux, plus énergiques — surtout lorsque la tasse venait répondre à une vraie fatigue.
Passé ce créneau, l’effet euphorisant s’atténuait nettement, pour ne réapparaître qu’un peu en fin de journée… et encore, de façon bien plus modérée.
Moins d’impact sur les émotions négatives
Surprise : si le café booste la bonne humeur, il n’efface pas vraiment les mauvaises ondes.
Les chercheurs ont observé une légère baisse de la tristesse et de l’agacement… mais seulement dans la seconde étude, et avec des effets beaucoup plus faibles que pour les émotions positives.
Pourquoi le matin est-il magique ?
Trois explications se combineraient :
- Le rituel et l’anticipation — le plaisir attendu de la première tasse amplifie l’effet.
- La fin du sevrage nocturne — après plusieurs heures sans caféine, le corps « revient à la normale » et retrouve énergie et bonne humeur.
- L’alignement avec nos rythmes biologiques — la caféine bloque l’adénosine (molécule qui induit la somnolence) au moment où notre organisme sort de l’inertie du sommeil.
Moralité (et conseils pratiques)
- Si votre objectif est de démarrer la journée du bon pied, ne tardez pas trop : visez votre première tasse dans les 150 minutes après le réveil.
- Si vous cherchez à contrer un coup de barre, le café peut aider… mais son impact sur la mauvaise humeur sera moindre.
- Et inutile de multiplier les tasses en continu : l’effet « humeur » fort n’est pas cumulatif.
Le café n’est pas qu’un carburant, c’est aussi un synchroniseur d’humeur — mais seulement si on l’utilise au bon moment. La prochaine fois que vous savourerez votre premier espresso du matin, souvenez-vous : vous êtes dans la fenêtre enchantée où la science et le plaisir se rejoignent.

Alexis, rédacteur de Seek & Look. J’explore et décrypte l’actualité scientifique, les découvertes marquantes et les innovations qui façonnent notre avenir.