« Punctum » : l’énigmatique signal venu d’une galaxie voisine que rien n’explique

Un point. Voilà ce que les astronomes ont cru voir — un minuscule signal, à la limite du perceptible, mais assez étrange pour mériter un nom latin : Punctum. Ni étoile, ni trou noir, ni pulsar : cet objet, détecté dans une galaxie voisine, ne ressemble à rien de connu dans l’Univers. Une découverte qui intrigue et qui pourrait bien annoncer l’existence d’un nouveau type d’objet cosmique.

Un signal venu de NGC 4945

Punctum a été repéré dans NGC 4945, une galaxie de type Seyfert 2 située à environ 13 millions d’années-lumière. Les données proviennent du puissant réseau de radiotélescopes ALMA, installé dans le désert d’Atacama, au Chili.

Ce qui frappe immédiatement les chercheurs : un rayonnement très polarisé, observable uniquement dans le domaine millimétrique des ondes radio. En clair, son signal est extraordinairement organisé, comme si des champs magnétiques intenses ou des particules ultra-énergétiques le façonnaient. La polarisation mesurée avoisine les 50 % ± 14 %, une valeur inhabituelle pour un objet aussi discret.

Ni variable, ni banal

Le signal a été capté à deux reprises, à deux semaines d’intervalle, et restait stable. Pas d’éclats soudains, pas de décroissance rapide : une constance déroutante. Même en comparant avec des données anciennes, rien n’indique une variation. Là encore, ce comportement sort de l’ordinaire pour les sources connues.

Et pourtant… rien d’autre

Le plus troublant ? Punctum n’existe que dans le millimétrique. Les astronomes ont fouillé dans les archives de l’observatoire spatial Chandra : aucune émission en rayons X. Ils ont scruté les relevés radio classiques : rien. Pas de compagnon lumineux, pas de source énergétique identifiée.

Autrement dit, Punctum est un point aveugle pour tous les autres instruments.

Pas de case où le ranger

Les comparaisons avec les objets connus échouent :

  • Les magnétars, étoiles à neutrons aux champs magnétiques monstrueux, produisent bien des signaux polarisés, mais leur luminosité est bien moindre.
  • Les restes de supernovae peuvent émettre un rayonnement synchrotron, mais leur signature diffère.
  • Les filaments galactiques n’expliquent pas non plus ses caractéristiques.

Résultat : aucun modèle astrophysique actuel ne colle parfaitement à ce que montre Punctum.

Vers un nouveau type d’objet ?

Les chercheurs restent prudents. L’hypothèse la plus raisonnable serait une forme de rayonnement synchrotron lié à un environnement magnétique extrême. Mais faute d’indices complémentaires, impossible de trancher. Pour l’instant, Punctum est classé dans la catégorie la plus excitante pour les astrophysiciens : « objet sans précédent ».

« À ce stade, il est impossible d’associer Punctum à une classe connue », résume l’équipe dirigée par Elena Shablovinskaïa, à l’origine de la découverte. De futurs relevés multi-longueurs d’onde, à haute résolution, pourraient permettre d’avancer.

Un point… qui change la perspective

Parfois, l’astronomie avance grâce à des géants : les trous noirs, les supernovae, les galaxies entières. D’autres fois, un simple point suffit à ébranler nos certitudes. Punctum, discret mais énigmatique, pourrait bien appartenir à cette seconde catégorie — et rappeler que l’Univers n’a pas fini de nous surprendre.

Alexis (Seek & Look)

Alexis, rédacteur de Seek & Look. J’explore et décrypte l’actualité scientifique, les découvertes marquantes et les innovations qui façonnent notre avenir.

Laisser un commentaire