La course à la Lune en 2025 : où en est-on ?

Plus de cinq décennies après les pas d’Neil Armstrong, l’humanité tourne à nouveau son regard vers la Lune. Cette fois, ce n’est pas une simple rivalité entre superpuissances, mais une épopée globale impliquant nations et pionniers privés.

La décennie 2020-2030 est en passe de devenir le nouveau théâtre de la conquête lunaire. États-Unis, Chine, Inde, Japon et acteurs européens ou privés multiplient les avancées, tandis que des retards et aléas techniques ornent les trajectoires.

États-Unis – Artemis, landers privés et starship

La NASA a annoncé des retards supplémentaires pour ses missions habitées Artemis :

  • Artemis II, prévu pour avril 2026, prévoit le retour des astronautes autour de la Lune (NASA)
  • Artemis III, toujours planifié pour un alunissage, est désormais attendu pour mi-2027.

Les sous-traitants privés progressent :

  • Blue Ghost 1 de Firefly Aerospace a réussi le 2 mars 2025 un alunissage entièrement stable dans Mare Crisium. Il a opéré pendant un cycle lunaire complet (environ 14 jours terrestres), conduisant dix charges utiles de la NASA. Il a ramené de spectaculaires images du coucher de soleil lunaire.
  • IM-2 d’Intuitive Machines a touché la Lune le 6 mars, mais s’est retrouvé incliné, limitant les opérations.

Chine – un programme lunaire qui prend de l’avance

  • Chang’e-6 a rapporté près de 1,935 kg de roche de la face cachée, révélant un volcanisme ancien, une activité magnétique passée et un manteau lunaire étonnamment sec. (Space.com)
  • Le vaisseau habité Mengzhou a passé avec succès un test d’éjection d’urgence depuis le pas de tir le 17 juin 2025, démontrant sa capacité à sauver l’équipage en cas de problème critique.
  • Le lander lunaire Lanyue a également réussi ses essais de type atterrissage et décollage, renforçant l’objectif d’un alunissage habité avant 2030.

Inde – retour d’échantillons et projets polaires

Après la réussite de Chandrayaan-3, l’Inde vise un nouveau défi Chandrayaan-4 (2027–2028) avec retour d’échantillons lunaires. Une collaboration avec le Japon (mission LUPEX) vers les pôles lunaires est également en préparation.

Japon – précision et aléas

La sonde japonaise SLIM a réussi un atterrissage à haute précision en janvier 2024 — une première.

En revanche, la société privée ispace a vu son alunissage tourner à l’échec en juin 2025.

Europe – infrastructures et partenariats

L’ESA poursuit le développement de la station lunaire Gateway (incluant modules I-HAB, ESPRIT) et de l’atterrisseur européen Argonaut, éléments clés des décennies à venir.

En bref, où en sommes-nous aujourd’hui ?

La course à la Lune n’est plus idéologique, mais collaborative et modulaire. Si les États-Unis capitalisent sur Artemis et les partenariats privés, la Chine enchaîne les succès scientifiques et techniques avec l’ambition d’y poser un équipage avant 2030. Inde et Japon rivalisent en précision et projets ciblés. L’Europe structure l’infrastructure du retour humain

Les prochains jalons à surveiller :

  • Starship / HLS : démonstrations de ravitaillement et de transfert orbital indispensables.
  • Prochaines missions CLPS (Firefly, Intuitive Machines).
  • Suivi des développements Chinois (Mengzhou, Lanyue).
  • Développements indien autour de Chandrayaan et LUPEX.

Nous vivons une nouvelle ère lunaire à plusieurs visages. Ce n’est plus une compétition binaire style Guerre froide, mais une course à plusieurs joueurs, chacun avec ses atouts : la technologie et les moyens (États-Unis), la science et la stratégie à long terme (Chine), la montée en puissance progressive (Inde), et les infrastructures interconnectées (Europe).

Je trouve ce moment fascinant et porteur d’espoir : pour la première fois, des missions robotiques ou habitées s’imbriquent de manière ouverte entre nations, entités privées et agences publiques. Malgré les retards — souvent contraints par la complexité technique — l’accumulation des réalisations (Chang’e-6, Blue Ghost, tests de Starship, SLIM…) crée un momentum unique.

Dans les années à venir, ce sont la résilience technique, la coopération internationale et la viabilité économique qui feront la différence. Le plus excitant ? Ce ballet lunaire est bien plus qu’un simple retour sur la Lune : il prépare l’étape suivante — Mars, et l’espace habité durable. Nous n’assistons pas qu’à une course, mais à la naissance d’un écosystème spatial global.

Alexis (Seek & Look)

Alexis, rédacteur de Seek & Look. J’explore et décrypte l’actualité scientifique, les découvertes marquantes et les innovations qui façonnent notre avenir.

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