Le futur du traitement du cancer : remodeler les cellules au lieu de les éliminer

Et si, au lieu de les détruire, on pouvait transformer les cellules cancéreuses en cellules saines? Cette approche révolutionnaire gagne du terrain dans la recherche contre le cancer. Une équipe de l’Université de Californie à Los Angeles vient de démontrer qu’il est possible de reprogrammer des cellules de glioblastome pour qu’elles se comportent comme des cellules nerveuses normales, selon une étude publiée dans la revue PNAS.

Reprogrammer plutôt que détruire : un changement de paradigme

Pendant des décennies, la médecine a abordé le traitement du cancer selon une logique guerrière : éliminer les cellules cancéreuses par tous les moyens, notamment par chimiothérapie et radiothérapie. Le problème? Les cellules survivantes peuvent relancer la croissance tumorale et provoquer des rechutes.

De plus en plus de chercheurs explorent maintenant une voie alternative : transformer les cellules cancéreuses au lieu de chercher à les éliminer. Cette approche s’appuie sur un phénomène biologique appelé plasticité cellulaire, qui permet à une cellule de changer sa trajectoire de développement.

Des expériences prometteuses sur plusieurs types de cancers

Dans le laboratoire de Lin He à l’Université de Californie, les cellules de glioblastome — l’une des formes les plus agressives de cancer du cerveau avec un taux de survie à cinq ans inférieur à 5% — ont été traitées avec une combinaison de radiothérapie et de forskoline. Résultat : ces cellules ont cessé de se comporter comme des cellules cancéreuses et se sont transformées en neurones et en cellules microgliales (des cellules immunitaires du système nerveux).

Les souris ayant reçu ce traitement ont vécu trois fois plus longtemps que celles traitées uniquement par radiothérapie, un résultat particulièrement encourageant pour ce cancer au pronostic habituellement très sombre.

D’autres expériences ont également donné des résultats prometteurs. Des chercheurs ont réussi à transformer des cellules de cancer du sein en cellules adipeuses (graisseuses) et à reprogrammer des cellules cancéreuses du foie pour qu’elles perdent leur comportement malin.

Une idée qui remonte au milieu du XXe siècle

Cette approche n’est pas entièrement nouvelle. Dès les années 1950, des scientifiques avaient observé des cas de régression spontanée de tumeurs chez l’humain. En 1959, le pathologiste Barry Pierce avait démontré que les cellules de tératocarcinome pouvaient se différencier en cellules saines.

Une avancée majeure est survenue dans les années 1980 lorsque les médecins chinois Chen Zhu et Wang Zhenyi ont utilisé un dérivé de la vitamine A (acide rétinoïque) pour traiter la leucémie promyélocytaire aiguë. Cette maladie, autrefois mortelle, est devenue curable grâce à cette approche qui transforme les cellules leucémiques au lieu de les tuer.

Le modèle de Waddington : repenser le destin cellulaire

Le biologiste Conrad Waddington avait décrit le développement cellulaire comme une bille roulant dans une vallée qui se divise en plusieurs chemins, déterminant ainsi le type de cellule qu’elle deviendra. La découverte récente de la plasticité cellulaire remet en question ce modèle en montrant que les cellules peuvent “remonter” et changer leur trajectoire de développement, même après être devenues cancéreuses.

Ce changement de perspective ouvre de nouvelles voies thérapeutiques. Au lieu d’une guerre totale contre le cancer, nous pourrions négocier avec lui, en incitant les cellules malades à redevenir normales. Cette stratégie pourrait être particulièrement précieuse pour les cancers résistants aux traitements conventionnels, comme le glioblastome.

Si ces recherches doivent encore franchir de nombreuses étapes avant d’aboutir à des traitements cliniques, elles représentent un espoir considérable pour l’avenir de la médecine oncologique.

Alexis

Salut, c’est Alexis, rédacteur de Seek & Look. J’explore et décrypte l’actualité scientifique, les découvertes marquantes et les innovations qui façonnent notre avenir.

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