Qu’est-ce que la turbulence et faut-il en avoir peur ?

Vous êtes assis dans un avion, le ciel est parfaitement dégagé, et soudain l’appareil commence à trembler. Pas de panique : ce n’est ni une panne ni une perte de contrôle, mais une zone de turbulence.

Définition scientifique

La turbulence est un mouvement chaotique et désordonné de l’air, qui apparaît lorsque l’écoulement laminaire et régulier est perturbé par des forces extérieures. Les physiciens la décrivent comme un état où le nombre de Reynolds (rapport entre les forces d’inertie et les forces de viscosité) dépasse un seuil critique, provoquant le passage à un flux instable.

Si vous avez déjà observé un filet de fumée s’élever tranquillement, puis se briser en petits tourbillons, vous avez vu la turbulence à l’œuvre. Elle existe non seulement dans l’atmosphère, mais aussi dans les océans, les nuages de gaz interstellaires ou encore sur la surface de Jupiter.

Pourquoi la turbulence se produit-elle ?

1. Relief montagneux
Lorsque des masses d’air rencontrent une chaîne de montagnes, elles doivent « grimper » pour la franchir. Cela crée des ondes orographiques, parfois douces, parfois brisées en tourbillons intenses.

2. Courants-jets
Ces bandes étroites d’air rapide, situées vers 9–12 km d’altitude, peuvent dépasser 150 km/h. Lorsqu’un avion sort de la zone de vitesse maximale vers une zone où le vent ralentit, cela crée un cisaillement qui engendre de la turbulence.

3. Orages et nuages convectifs
Les énormes cumulonimbus (CB) propulsent l’air vers le haut, créant des ondes atmosphériques capables de se propager sur des centaines de kilomètres. Même loin d’un orage, ses « vagues » peuvent secouer votre vol.

4. Courants convectifs
Par temps ensoleillé, la surface de la Terre chauffe l’air, qui monte et se mélange aux couches plus froides, produisant des turbulences locales.

Turbulence dans l'avion

La turbulence en air clair (CAT) : la secousse invisible

La CAT survient en altitude (à partir de 5 km) dans un ciel sans nuages. Elle est plus fréquente en hiver, lorsque les variations de vitesse du vent sont marquées. Sa difficulté ? On ne peut pas la repérer visuellement, ce qui la rend plus difficile à anticiper.

Peut-on la prévoir ?

Les pilotes disposent aujourd’hui de plusieurs outils :

  • radars météo embarqués ;
  • cartes et prévisions des zones turbulentes ;
  • messages transmis par d’autres équipages ;
  • données satellitaires et modèles atmosphériques.

La CAT reste la plus imprévisible, mais on peut souvent l’éviter ou au moins avertir les passagers à l’avance.

La turbulence est-elle dangereuse ?

Pour l’avion, pratiquement jamais. Les appareils sont conçus avec une marge de résistance bien supérieure aux contraintes rencontrées en vol.
Pour les passagers, le danger vient surtout du fait de ne pas être attaché : selon la FAA, environ 80 % des blessures liées à la turbulence concernent des passagers ou membres d’équipage non sanglés.

Que faire en tant que passager ?

  • Gardez toujours votre ceinture attachée, même lorsque le signal est éteint.
  • Limitez vos déplacements dans la cabine.
  • Rangez la tablette, redressez le dossier et ouvrez le hublot si demandé par l’équipage.
  • Restez calme : les pilotes s’entraînent régulièrement à gérer de fortes turbulences.

Mythes et réalité

  • Mythe : la turbulence peut retourner un avion.
    Réalité : les avions commerciaux sont conçus pour rester stables même lors de fortes secousses.
  • Mythe : elle ne survient que par mauvais temps.
    Réalité : la CAT prouve le contraire : un ciel bleu n’est pas toujours synonyme de vol parfaitement lisse.

La turbulence fait partie de la vie de l’atmosphère. Les pilotes savent la contourner et vous pouvez réduire tout risque de blessure en gardant simplement votre ceinture bouclée.

Alexis (Seek & Look)

Alexis, rédacteur de Seek & Look. J’explore et décrypte l’actualité scientifique, les découvertes marquantes et les innovations qui façonnent notre avenir.

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