Stonehenge : un exploit de transport qui réécrit l’histoire du Néolithique

Une petite pierre oubliée pourrait bien réécrire l’histoire de l’un des monuments les plus fascinants du monde.

Stonehenge n’a jamais cessé de faire parler. Mais aujourd’hui, ce n’est pas un de ses mégalithes imposants qui alimente la controverse… c’est un bloc de la taille d’un ballon de rugby, exhumé en 1924 puis oublié pendant des décennies : le « Newall boulder ».

À première vue, ce fragment n’a rien d’exceptionnel. Pourtant, les analyses les plus récentes publiées dans Journal of Archaeological Science, menées par le professeur Richard Bevins et son équipe, affirment qu’il ne s’agit pas d’un caillou laissé là par un glacier, comme on l’a cru pendant près d’un siècle, mais bien d’un morceau transporté par des mains humaines depuis le pays de Galles, à plus de 200 kilomètres de là.

Fin du mythe glaciaire ?

Pendant longtemps, l’une des grandes explications à la présence des fameuses « pierres bleues » de Stonehenge reposait sur une hypothèse simple : elles auraient été déposées là par les glaciers, il y a des milliers d’années, bien avant que les Néolithiques ne construisent le monument.
Mais les nouvelles données — pétrographiques, géochimiques et même microscopiques — racontent une toute autre histoire.

Les signatures minérales du Newall boulder correspondent parfaitement à celles des roches de Craig Rhos-y-Felin, en Pembrokeshire. Mieux encore : ses formes et cassures rappellent la partie supérieure d’un pilier de rhyolite observé sur ce site, ce qui suggère qu’il proviendrait d’un monolithe brisé, probablement le vestige enterré connu sous le nom de Stone 32d.

Un exploit logistique de l’âge de pierre

Si Bevins et ses collègues ont raison, cela signifie que les constructeurs de Stonehenge ont délibérément déplacé des blocs de plusieurs tonnes à travers un territoire accidenté, sans roue ni chevaux domestiqués.

Et l’histoire ne s’arrête pas au pays de Galles : d’autres pierres du site proviennent même… d’Écosse, soit plus de 700 km de trajet.

Les archéologues voient dans cette sélection ciblée de matériaux une preuve d’un projet hautement symbolique : Stonehenge aurait été conçu non pas avec les pierres les plus proches, mais avec celles qui portaient une signification particulière, peut-être politique ou rituelle.

Aucune trace de glaciers sur Salisbury Plain

L’argument glaciaire s’effrite aussi sur le terrain : aucune moraine, aucun dépôt glaciaire, aucun « caillou voyageur » isolé n’a été trouvé sur le plateau de Salisbury. Même les fragments de pierres bleues découverts dans les environs sont tous des éclats de taille, produits par l’aménagement du monument.

Un monument de l’union ?

Les parallèles avec d’autres sites néolithiques en Europe suggèrent que le transport à longue distance n’était pas exceptionnel. Au contraire, il pouvait servir à relier symboliquement des régions entières. Dans cette lecture, Stonehenge serait un monument d’unité, assemblant les pierres comme on assemble les peuples.

En clair :

Un caillou de 22 cm, retrouvé dans un musée, pourrait bien mettre un point final à un vieux débat. Les preuves s’accumulent : les pierres bleues ne sont pas venues à Stonehenge par la glace, mais par la volonté, l’ingéniosité et la détermination des hommes du Néolithique.

Et cette découverte redonne aux bâtisseurs leur place : celle de véritables maîtres de la logistique préhistorique.

Alexis (Seek & Look)

Alexis, rédacteur de Seek & Look. J’explore et décrypte l’actualité scientifique, les découvertes marquantes et les innovations qui façonnent notre avenir.

Laisser un commentaire